Verdille: un orfèvre en pâtisserie
Charente Libre – 09 janvier 2014 – Sylviane Carin
Nicolas Bichon fait gagner un diamant avec sa galette des Rois. Le pâtissier de Verdille, champion de France des desserts, a plus d’un atout dans son jeu.
Un bijou de boulangerie-pâtisserie au coeur de Verdille, entre Charente et Charente-Maritime. Avec sa galette des Rois, on peut gagner un diamant. Mais c’est toute l’année que Nicolas Bichon, l’oeil gourmand derrière la lunette sérieuse, régale sa clientèle. À 33 ans, celui qui a été champion de France du dessert en 2008, médaille d’argent trois ans plus tôt, décline chaque événement avec talent et humilité.
Ses « joyaux de la couronne », frangipanes ou brioches délicatement parfumées ou tressées, trônent dans sa vitrine au milieu de ses valeurs sûres. Des délices sucrés et salés qui font sa réputation depuis octobre 2011, année de son arrivée dans ces locaux intercommunautaires, avec Martina Bjarloev, sa compagne. Un choix mûrement réfléchi pour le couple qui s’est rencontré à Eugénie-les-Bains (Landes), chez Michel Guérard, le premier établissement de renom fréquenté par le Charentais. Le début d’une belle carrière.
« Là-bas, j’ai appris la rigueur, la minutie. J’ai découvert la cuisine minceur, la pâtisserie allégée. Tout est équilibré, parfaitement maîtrisé », se remémore le jeune Angérien, en immersion dans une brigade de 30 cuisiniers et 6 pâtissiers. De ses trois ans dans ce « 3 macarons Michelin », il garde le parfum du soufflé béchamel glace à la rhubarbe; le souvenir de Jérôme Chancesse, son chef qui allait devenir celui du Crillon, le palace parisien quelques années plus tard. Un passeport pour l’avenir. « Ça permet de bouger partout en France. J’avais envie de voir autre chose, d’autres produits, d’autres régions. On s’affirme au fur et à mesure », glisse le professionnel à la fine silhouette.
Commence alors un périple étoilé qui le conduit à Aix-en-Provence chez Jean-Marc Banzo (2 macarons) où il se familiarise avec des desserts insolites à base d’huile d’olive et d’herbes. Il enrichit son parcours à la Résidence de la Pinède à Saint-Tropez (1 étoile) et à l’hôtel des Trésoms à Annecy. Il participe à la création du Saule-Pleureur (Vaucluse) avec lequel il décrochera un macaron trois ans plus tard. C’est pendant cette période qu’il devient champion de France avec une éclosion d’ananas-coriandre. Un dessert de rêve.
Un passage par La Ribaudière à Bourg-Charente
Le couple revient dans la région à La Ribaudière (Bourg-Charente) avec l’idée de créer sa propre entreprise. Après trois ans comme chef pâtissier dans le restaurant étoilé et la naissance d’un petit Lucas, le projet se réalise à Verdille. Sous l’enseigne « B-sweet ». « L’espace ouvert avec le four en bois dans le magasin nous a immédiatement plu. On savait qu’il y avait un marché à développer avec les maisons de cognac, les traiteurs et les particuliers. Le bouche à oreille a bien fonctionné », reconnaît l’ancien élève du lycée hôtelier de La Rochelle et de L’Amandier à Saint-Yrieix. Deux ans après ses débuts, Nicolas Bichon ne regrette pas de s’être lancé dans cette aventure à deux.
Cuisinière de métier, Martina Bjarloev apporte sa touche dans les pains, les fougasses, les sandwichs et les petits fours salés. Le pâtissier séduit avec ses inventions acidulées (clémentine, chocopoire, tiramisu framboise…) et ses classiques allégés comme le Paris-Brest. Ensemble, ils ont gagné une clientèle qui dépasse largement les frontières charentaises. « On est sur un axe passant entre Limoges et l’océan. » « B-sweet » s’est fait un nom. Sur la place du marché et sur internet. Un nom succulent.